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BLANQUI DANS LES ANNÉES 70: Les commerçants

BLANQUI DANS LES ANNÉES 70: Les commerçants

Extraits de témoignages recueillis lors de la permanence du samedi 22 septembre 2018, à la Miroiterie, auprès de Zaïna Elhassouni, Khatidja Dahmani, Salima Bellarh, Djamila Naït Youlef, Rabia Nahar Hamidi.

Elles se retrouvent, rient en chatouillant leur mémoire de leurs souvenirs d’enfance, dans cette ville, ce quartier, Blanqui. Blanqui, où elles ont toutes grandi, où, pour la plupart elles vivent encore, ou non loin, Blanqui où elles ont vécu beaucoup de moments joyeux, Blanqui, qui semble avoir été l’écrin de leur enfance heureuse.

Elles se souviennent des figures, des commerçants, des métiers d’antan, qu’on ne connaît plus, des saisons, à Blanqui, dans les années 70. Il y avait…

LES COMMERÇANTS 

POUPRY, la boulangerie

Un des premiers souvenirs qui leur revient, c’est POUPRY, l’unique boulangerie de BLANQUI. Aujourd’hui, c’est toujours une boulangerie, mais évidemment, les propriétaires ont changé depuis bien longtemps…

Toutes ces femmes sont intarissables au sujet de « la mère Poupry », la boulangère de Blanqui. C’était une forte dame brune, obnubilée par son poids et surtout par son psoriasis qui la faisait terriblement souffrir et lui recouvrait entièrement le corps. Elle se grattait inlassablement les bras. Rares étaient les clients à qui elle n’en parlait pas… Elle disait vouloir essayer les bains de petits poissons mangeurs de peaux mortes, et chaque année, elle partait en cure en Tunisie. 

Son mari était particulier…“il rasait les murs”, il ne parlait jamais.  “On se demandait s’il n’était pas sourd, ou muet, mais par contre il voyait bien avec ses yeux!”  “Mais quel pain il faisait!” C’était Monsieur Poupry et Alain qui faisaient le pain, et à l’unanimité, il était excellent. Elles en ont encore l’eau à la bouche, du pain mais aussi des viennoiseries de chez POUPRY.

Les Poupry avaient deux enfants, qui allaient à la même école que Zaïna, Khatidja, Salima, Djamila et Rabia, avant d’entrer dans une école privée.

La mère Poupry était peu commerçante, c’est le moins que l’on puisse dire… “S’il manquait un seul centime, elle ne nous donnait pas le pain, alors qu’elle nous voyait tous les jours! »

Parfois, les habitants du quartier pouvaient profiter de son four qui était toujours chaud, pour faire cuire leurs propres gâteaux ou les méchouis, mais bien sûr c’était payant! »

Mais toutes ont le sourire accroché aux oreilles, car POUPRY, c’était le bon pain, c’était un passage quotidien de leur enfance, et des personnages attachants. Djamila y a travaillé quand elle était plus jeune, et elle garde un souvenir ému des Poupry qu’elle affectionnait beaucoup. Elle nous raconte qu’un jour, les Poupry l’ont même invitée avec ses parents dans la maison d’amis à eux pour préparer un Méchoui.

RAZÉ, le pâtissier

Il y avait aussi la Patisserie Razé. Monsieur Razé était handicapé, il avait « une patte folle», ce qui le faisait marcher très lentement. Elles racontent alors, entre espièglerie et honte, que petites, comme tous les autres enfants du quartier, « On rentrait là-dedans comme dans un moulin, et tout le monde lui piquait des gâteaux, le temps qu’il arrive en traînant sa jambe. »

Elles achetaient généralement des puddings; “c’était bon, le gâteau le moins cher et ça rassasiait bien”. Et là, un débat s’ouvre à la Miroiterie: était-ce bien Razé ou Poupry chez qui elles achetaient ce fameux pudding? Et le débat sera clos par “la baguette viennoise était aussi très bonne!”

La Quincaillerie

Et parmi les commerçants, il y avait aussi l’incontournable quincaillerie où l’on vendait apparemment absolument “de tout” et qui faisait donc office de Droguerie ou de Marchand de couleurs.

Les pharmaciens et les médecins

Elles se souviennent aussi des pharmaciens et des médecins qui à l’époque étaient pour la plupart des juifs « pied-noirs ». Il y avait Monsieur Bellech, Allouch, Sarfati, Syllag. Ainsi, les patients et clients qui venaient aussi d’Afrique du Nord pouvaient parler avec eux en arabe, ce qui permettait d’établir un lien de confiance très important pour ceux qui maîtrisaient encore mal la langue française.