93140 Bondy
collectif.miroiterie@gmail.com

BLANQUI dans les années 70 : La vie dans les rues de Blanqui

BLANQUI dans les années 70 : La vie dans les rues de Blanqui

Extraits de témoignages recueillis lors de la permanence du samedi 22 septembre 2018, à la Miroiterie, auprès de Zaïna Elhassouni, Khatidja Dahmani, Salima Bellarh, Djamila Naït Youlef, Rabia Nahar Hamidi.

Elles se retrouvent, rient en chatouillant leur mémoire de leurs souvenirs d’enfance, dans cette ville, ce quartier, Blanqui. Blanqui, où elles ont toutes grandi, où, pour la plupart elles vivent encore, ou non loin, Blanqui où elles ont vécu beaucoup de moments joyeux, Blanqui, qui semble avoir été l’écrin de leur enfance heureuse.

Elles se souviennent des figures, des commerçants, des métiers d’antan, qu’on ne connaît plus, des saisons, à Blanqui, dans les années 70.

Khatija nous raconte que  ses parents ont été dans les premiers habitants de la Tour Blanqui en 1957 et que son père a participé à la construction du quartier Blanqui.

La fête foraine et la création du Square Bernstein.

En été, au début des années 70, il y avait une fête foraine qui venait s’installer chaque année, pendant deux mois environ, là où est situé aujourd’hui le square Bernstein (malheureusement plus connu sous l’appellation “parc des bourrés”).

Certains se souviennent y aller à la sortie de l’école. Il y avait des auto-tamponneuses, un stand de tir, la pêche aux canards, et même un train fantôme sous un châpiteau! On devait acheter des jetons en plastique pour avoir accès aux attractions. Même avec peu de sous, les enfants pouvaient jouer. Ils achetaient des barbes à papa ou des pommes d’amour, qu’ils mangeaient à plusieurs. “Ah… les pommes d’amour…!”

Puis, il y a eu des travaux de rénovation du quartier Blanqui qui manquait d’espaces de jeu pour les enfants et d’espaces verts. A donc été créé le Square Bernstein, dédié aux enfants. Tout le monde était émerveillé par ses deux ponts en pierres, sa rivière… Mais la rivière a été rapidement enlevée…

Le garde-Champêtre

Dans les années 70, il y avait beaucoup d’airs de jeux pour les enfants dans la rue. Il y avait aussi beaucoup d’espaces verts dans le quartier; il y avait des arbres centenaires et aussi de magnifiques pelouses, mais attention : il était formellement interdit de marcher sur le gazon! Un garde-champêtre, en uniforme : cape noire et képi, y veillait…

Mais en été, tous les enfants allaient jouer dans les jets d’eau pour se faire arroser par les arrosoirs automatiques. Ils descendaient en maillot de bain, avec leur serviette, ils installaient les mange-disques sur la pelouse. “On appelait ça: “le champs”. On écoutait « No milk today… », on apprenait à danser le Madisson…. “.

Elles se souviennent qu’en 1976, en pleine canicule, l’eau avait été coupée et les pompiers étaient venus distribuer l’eau dans le quartier.

Le sifflet de la gardienne

Alors que le garde-champêtre veillait à l’entretien des pelouses, la gardienne, elle, veillait à ce que les immeubles restent également bien entretenus. Chaque jour, à 10H, la gardienne soufflait dans son sifflet pour que toutes les familles retirent leurs couvertures des fenêtres.

Les courses de vélo, les majorettes et la fanfare

Rabia se souvient des courses de vélos et du circuit dans toute la ville, les autres moins… Mais elles se souviennent toutes des majorettes de Bondy, avec leur haut rouge et leurs jupe et bottes blanches! Elles portaient aussi des chapeaux. Elles défilaient une fois par an, accompagnées d’une fanfare.

Blanqui pendant le Ramadan

“Le ramadan, c’était la seule période de l’année où les parents nous laissaient sortir le soir. C’était très beau de voir, vers 4 heures du matin, toutes les lumières des appartements qui s’allumaient progressivement.”

Pendant le ramadan, les Poupry mettaient leur four à disposition (contre rémunération, bien sûr…) pour faire chauffer les gâteaux et la viande.

Le foyer des marocains, la “cité rouge” et les parrainages des primo-arrivants à l’école primaire

Dans les années 70, tous les immigrants algériens qui vivaient en France avaient été rejoints par leur famille, alors que les marocains, pour la plupart, avait laissé leur famille au pays et vivaient seuls. A Blanqui, ils vivaient dans un foyer, qui avait été créé à l’origine pour accueillir les immigrants algériens dans les années 60. Il a donc été rebaptisé dans les années 70 “le foyer des Marocains”. Il était situé rue Edouard Vaillant. Il n’y avait que 30% des marocains qui venaient avec leur famille, les autres étaient seuls et vivaient au foyer.

Elles nous racontent que la “cité rouge” était “dédiée aux enfants des Français”… Mais les enfants des immigrés allaient jouer en cachette sur le tourniquet. Il y avait aussi une cage à poules. “Et quand les résidants de la Cité Rouge nous voyaient, ils nous disaient “Qu’est-ce que vous faites là?!” et nous renvoyaient”.

Mais, à l’école Jules Ferry comme Jean Rostand, chaque élève primo-arrivant avait un parrain parmi les élèves français, qui les accompagnait et les aidait à s’intégrer dans l’école et à mieux connaître le quartier.