93140 Bondy
collectif.miroiterie@gmail.com

Qui se cache derrière les fenêtres des immeubles de BLANQUI…?

Qui se cache derrière les fenêtres des immeubles de BLANQUI…?

Qui sont les habitants de BLANQUI? Vos voisins proches, que souvent vous connaissez assez bien, avec lesquels vous vous entre-aidez souvent, ou ceux que vous croisez dans votre quartier, et à qui vous n’avez jamais parlé, à qui vous avez peut-être juste encore adressé un regard, un sourire, ou au mieux un “Bonjour”…. Qui sont-ils? Quels sont leurs parcours de vie? Qu’ont-ils dans leur coeur? Dans leurs rêves…?

CAMELIA

Camélia est arrivée fin octobre 2017 dans la quartier Martin Luther King, suite à un divorce. Elle vient de Pantin. Elle travaille à l’Éducation Nationale.

Au début, elle a beaucoup pleuré. Elle avait l’impression qu’elle était à l’autre bout du monde, isolée de tout … « Je n’osais pas regarder par la fenêtre de la cuisine ce qu’il se passait dehors… », mais finalement, assez rapidement, elle a trouvé les gens « plutôt sympa ».Au début elle trouvait que les gens étaient très intrusifs et peu à peu ce sentiment s’est effacé, « les gens veulent communiquer ».

Camélia vit avec son fils. Quand ils sont arrivés, il avait une « peur bleue » des jeunes du quartier. A présent, il les adore ! Camélia connait bien ces jeunes ; elle travaille dans un collège ZEP à Aubervilliers-Pantin avec « les pas contents de la vie », comme elle les appelle… Aujourd’hui, elle fait ses courses avec plaisir dans le quartier et les jeunes l’aident parfois à monter ses courses ou un meuble lourd. « Il faut ouvrir le dialogue avec les jeunes, ils ont des familles eux aussi…. »

« J’ai des voisins formidables ! On se voit tous les matins en partant travailler ou en rentrant… » « Je pense que je vais rester ici un bon moment, je suis bien ici… » « Ce quartier m’a aidé dans beaucoup de chose, il m’a aidé à surmonter mes douleurs, les gens sont heureux ici, ils sont souriants. A pantin, j’ai vécu 10 ans sans connaître mes voisins.» Elle apprécie particulièrement l’entre-aide entre voisins de pallier et les rapports humains. Par contre, elle avoue être choquée de ne pas voir d’enfants jouer dehors…

BINTOU

Elle est arrivée il y a 10 ans à Blanqui grâce à ses parents qui habitent à la Remise à Jorelle. Elle vient de Pavillons-sous-Bois. Elle est arrivée en France à l’âge de 12 ans, de Côte d’Ivoire. Elle a deux enfants de 5 ans et un de 4 mois qu’elle porte dans le dos. Elle est aide soignante à domicile. Elle est bien ici, les voisins sont sympa, elle est bien entourée. Elle aimerait rester ici, même si elle sait qu’ils vont tout casser. Elle a deux voisines dont elle est très proche et sur qui elle peut toujours compter.

REDA

Reda a 17 ans. Il est née ici, à Jean Verdier. Sa famille est là depuis longtemps. Ils sont arrivés d’Algérie dans les années 80. Il a deux grandes soeurs et un grand frère. Il a été à l’école à Jean Rostand, puis au collège à Henri Cellier, puis à Brossolette. Il  a passé un CAP Commerce à Noisy-le-sec et cherche maintenant du travail dans cette branche. Il aime bien ce quartier même s’il avoue avoir été marqué par la présence régulière de la police. Quand il était petit, ça lui faisait peur. Il a été aussi très choqué par une personne qui a tenté de se suicider en sautant par la fenêtre. Néanmoins, il n’a de problème avec personne, il connait tout le monde ici, et tout le monde le connait.

FARAH

Farah est pakistanaise. Elle est arrivée à Bondy à l’âge de deux ans. Elle vivait rue Edourd Vaillant. Aujourd’hui elle vit à Martin Luther King. Elle est arrivée dans le quartier car elle y venait faire la fête dans les années 90. Maintenant elle a 3 grands enfants de 17, 16 et 15 ans. Elle voudrait acheter dans le 93.

« Je vais partout ici, tout le monde me connaît. Il est important de ne pas avoir peur d’aller vers les autres. Les racistes ne le sont pas parce qu’ils sont méchants, mais parce qu’ils ont peur de l’autre, ce n’est pas de leur faute… Aujourd’hui les gens sont moins sauvages parce qu’ils ont internet et les chaînes du monde, on voit comment on vit ailleurs, ça permet de connaître d’autres cultures. »

« Avant l’école ne proposait pas beaucoup d’activités. Aujourd’hui il y a beaucoup d’activité et c’est très important. »

AZEMA

Elle habite à Blanqui depuis 19 ans. Elle habitait précédemment à Bondy Nord, et avant encore aux Lilas, où elle a grandi avec ses parents d’origine sénégalaise. Elle aurait aimé retourner aux Lilas, mais elle est restée là. Elle n’aimait pas Bondy Nord. 

Elle aimerait  partir d’ici car son appartement est trop petit, même si elle est bien dans ce quartier. Si elle avait un grand appartement elle resterait. Avant, c’était encore mieux, les gens étaient gentils, mais la plupart sont partis et les nouveaux voisins ne disent même pas bonjour. « Ici, tu étouffes, il n’y a pas de balcon…. »

BRENDA

Brenda est une charmante jeune fille de 22 ans. Elle est arrivée dans le quartier à l’âge de 6 mois, de Nogent-Le-Perreux. Autant dire qu’elle a passé sa vie ici… Elle a été à l’école à Ferry, puis à Rostand, au collège à Cellier, puis à Renoir pour le lycée, d’où elle sort avec un BAC ST2S en poche. Pour le moment elle travaille au Monoprix d’Aulnay-sous-Bois.

Le quartier Martin Luther King, elle le voit comme un bon quartier, elle aime ce quartier… Globalement, elle trouve même que c’est mieux qu’avant, excepté au niveau des activités et de l’ambiance. Elle trouve qu’on a délaissé le quartier, qu’il n’y a plus de fête pour les jeunes comme avant… quand elle était plus jeune, elle se souvient qu’elle faisait de la danse avec Ville et Avenir, mais elle avoue aussi ne plus être dans le quartier en journée et ne plus être au courant de ce qu’il s’y passe.
Brenda connait tout le monde dans le quartier, et lance beaucoup de « Bonjour ! » à la ronde pendant notre interview. Elle dit qu’elle a grandi avec beaucoup d’autres enfants du quartier et que ses voisins sont de sa « famille », ou tout comme. Parfois, la porte reste ouverte dans le couloir et tout le monde fait la fête d’appartement en appartement.

Elle va partir. « De toute façon », nous dit-elle, « ils vont bientôt tout casser… ». Mais elle souhaite rester à Bondy sud, pas très loin… Son projet : devenir infirmière ; nous lui souhaitons le meilleur succès.

SANKAR

Sankar a 27 ans. Il est née à Pondichéry, en Inde. Il est arrivé il y a 3 ans en France et vit avec son frère qui habite ici, à Martin Luther King, depuis 10 ans.

Sankar trouve que la vie ici est agréable, que c’est mieux qu’en Inde.
Les voisins ? Il ne leur parle pas, hormis bonjour ou au revoir. Sa vie c’est boulot , dodo… Il a quelques amis dans la cité rouge, à côté. Il travaille dans un supermarché à Paris, près de la tour Eiffel, depuis de 2 ans. Il n’est pas beaucoup dans le quartier car il part très tôt le matin. Le soir, quand il rentre, il croise les groupes de jeune qui trainent. Au début, il avait un peu peur des bagarres et du bruit, mais finalement, il dit qu’ils sont gentils, « Ils ne font rien…. »

A la question : y a-t-il une personne dans le quartier qui est comme un héros pour vous ? Il nous parle de la Mission Locale qui l’a aidé quand il est arrivé, à apprendre le français, à mieux connaître le quartier, et prendre ses repères….

En Inde, Sankar a l’équivalent d’un BAC + 4 en informatique, mais il n’a pas trouvé de travaille dans cette branche en France, à cause de la barrière de la langue.

MARIE-SYLVIE

Marie-Sylvie a 33 ans et vit dans la Tour de Blanqui depuis deux ans. Elle vivait auparavant dans le 91.

Elle aime son quartier. Elle trouve qu’il évolue bien. Et on y trouve tout : des commerces, pharmacies, boulangeries, des terrasses et des bars (“c’est sympa”), un supermarché, des écoles, des crèches, des espaces verts (elle va souvent au square Bernstein).

La seule chose qu’elle regrette, c’est qu’il n’y a pas assez de bus dans le quartier. “Pour sortir d’ici et aller jusqu’à la Gare, il faut 15 minutes de marche; c’est beaucoup, surtout lorsqu’on est pressé”.

Marie-Sylvie n’a pas encore d’enfants. Elle se lie cependant avec beaucoup de gens du quartier grâce à son implication dans la Croix Rouge. En effet, en dehors de son activité professionnelle d’aide soignante, Marie-Sylvie continue à faire don de sa personne et à prendre soin des autres en étant bénévole à la Croix Rouge “les jours où je ne trouvaille pas”. Elle distribue alors des denrées alimentaires aux familles démunies. Elle participe également à des maraudes. Venir en aide et soigner l’autre est une véritable vocation chez Marie-Sylvie. Pourtant, elle nous raconte cela avec le plus grand naturel du monde, comme si sa générosité était tout-à-fait banale…

Le collectif l’informe de son projet de mémoire sur le quartier de Blanqui. Elle est très intéressée et nous dit qu’elle aimerait en apprendre davantage sur l’histoire du quartier dans lequel elle vit (et s’implique) depuis deux ans, pour pouvoir un jour le transmettre à ses enfants et ses petits-enfants. Nous comprenons que Marie-Sylvie aime vraiment son quartier et aimerait y rester et y construire une famille.

ROSY

Rosy a 45 ans. Elle vit à Blanqui depuis 10 ans. Elle a avant habité à Villemonble pendant 10 ans puis dans une tour de Bondy Nord pendant 4 ans.

Elle a une fille de 24 ans.

Rosy a d’abord travaillé dans la restauration à Paris 14ème. Elle est aujourd’hui agent instructeur dans le 6ème arrondissement de Paris (elle instruit les dossiers de demandes d’aides (par exemple, Paris solidarité pour le complément retraite, ou Paris logement pour les APL).

Elle est née en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre. Ses parents sont Haïtiens. Les deux frères aînés de Rosy sont nés à Haïti. Ses parents sont d’abord partis en Guadeloupe où Rosy est née. Sont père est ensuite parti seul en métropole pour trouver du travail, et est revenu chercher sa famille qui s’est installée à Asnières. Le petit frère de Rosy est né là-bas. La mère de Rosy travaillait comme femme de ménage et son père travaillait à l’usine CHAUSSON (qui fabriquait des pièces d’avion).

Rosy n’a plus de famille à Haïti. Toute sa famille s’est “éparpillée” dans le monde entier: aux Etats-unis, au Canada, en France…

Rosy aime Bondy. “On est près de Paris. J’habite près du RER”.  Elle trouve que Bondy a beaucoup évolué. Il y a eu des travaux partout et de nouveaux logements ont été créés. “La ville est devenue jolie, accueillante. Et c’est mixte”.

MARIE-FRANCE

Marie-Fance a 71 ans. Elle est retraitée de l’éducation nationale. Elle travaillait dans les services d’intendance des collèges et lycées, et était logée en région parisienne, dans des logements de fonction.

Elle est arrivée à Bondy il y a 10 ans, rue Edouard Vaillant. Elle vit seule et ses enfants habitent à Noisy-le-sec, où elle se rend souvent.

Elle apprécie son quartier. Elle fait de l’aquagym à la piscine Tournesol. “J’aime bien passer par les petites rues de la Remise à Jorelle, avec ses arbres fruitiers, surtout lorsqu’ils sont en fleurs”. Mais elle nous confie: “Pour mes loisirs, je ne reste pas ici, je vais ailleurs”.